Depuis plusieurs années, on voit les surfeurs de grosses vagues utiliser des dispositifs gonflables pour se sortir des wipeouts les plus critiques. Depuis le mois d’octobre 2017, Quiksilver commercialise son gilet gonflable Highline Airtlift Vest. Principe, fonctionnement, différences avec les autres solutions existantes… Surf Prévention s’est penché sur ce nouvel accessoire de survie.

Highline Airlift Vest de Quiksilver, nouveau gilet gonflable

Le danger principal, dans les grosses vagues ? Le fameux wipe-out  : le surfeur chute, se fait piéger sous la vague et peine à remonter à la surface, risquant alors la noyade. C’est à ce moment précis qu’un dispositif gonflable peut lui être d’une grande aide. Une fois déclenché, il le propulse à la surface de l’eau.

Quand on demande à Peyo Lizarazu, en charge de l’innovation chez Quiksilver, combien de temps il faut pour remonter à la surface avec la veste Quiksilver Airlift, il répond : « La réponse simple : très peu de temps. La réponse plus longue : il faut plus qu’une veste gonflable pour revenir à la surface en sécurité, et rentrer au bord. »

Et pour cause : l’aptitude première pour rentrer au bord en vie est de savoir (bien) nager et d’être entraîné à l’apnée.

La veste Airlift répond avant tout à un besoin primaire du surfeur sous l’eau : la respiration. Certains ont imaginé des solutions pour s’oxygéner sous l’eau, d’autres ont trouvé des moyens pour remonter plus vite à la surface.

Ces dernières années, plusieurs marques de surf ont lancé leur dispositif : combinaison gonflable pour Billabong, gilet autogonflable (PSI Vest) pour Patagonia, veste gonflable chez FOX… sans oublier le gilet WAIRGO de chez Tribord pour un usage grand public.

Quand le surf et la plongée se rencontrent

Comme le rappelle Peyo Lizarazu, ce ne sont pas les surfeurs qui ont été les pionniers dans ce domaine, mais les plongeurs : « Il a fallu un demi-siècle pour que cette technologie remonte à la surface. »

C’est à la faveur d’un partenariat entre le géant du surf business Quiksilver et le spécialiste du design et de la fabrication d’équipement de plongée sous-marine Aqua Lung, que ce produit a pu être développé pour aboutir à une veste dont les qualités premières sont la fiabilité « militaire », l’ergonomie et la fonctionnalité.

Ce produit très abouti a nécessité plusieurs années de recherches et de tests, avant que Quiksilver n’annonce la commercialisation du gilet Highline Airlift Vest, une veste en néoprène avec une vessie gonflable en nylon-polyuréthane renforcée et thermosoudée, matière qu’Aqua Lung utilise depuis des décennies pour leurs équipements de plongée militaires, professionnels et récréatifs.

Jamie Mitchell à Jaws le 15 janvier 2016. Il porte le gilet Highline Airlift Vest Quiksilver.

« Aujourd’hui, la majorité des personnes qui surfent des vagues comme Nazaré, l’un des spots les plus dangereux de la planète, utilisent ce genre de dispositif, note Xavier Faucher, développeur des combinaisons chez Quiksilver. Comme à l’époque on s’est armé d’un jet ski pour amener un élément de sécurité, aujourd’hui il y a cet élément supplémentaire. Il ne garantit pas une sécurité absolue, mais la renforce dans ce type de conditions-là. »

Un gilet aux quatre cycles de gonflage-dégonflage

Le principe ? Une vessie gonflable, reliée à quatre cartouches de dioxyde de carbone, stockées dans une poche située dans le dos de la veste. « Chaque cartouche est reliée à une poignée située sur le devant de la veste, explique Xavier. Lorsque vous tirez sur l’une d’elles, une pointe perce le dessus de la cartouche de CO2 comprimé, ce qui permet au gaz de se libérer et de gonfler la vessie. » Et hop : le surfeur regagne la surface.

La couleur rouge n’a pas été choisi au hasard : c’est avant tout une couleur associée à la sécurité qui permet de repérer plus rapidement un surfeur entre deux eaux pour lui porter secours.

Gilet Highline Airlift Vest Quiksilver vu de devant, avant et après enclenchement système de gonflage.

Pour poursuivre sa session, le surfeur doit ensuite dégonfler la veste à l’aide de la poignée de dégonflage. Sinon, forcément, impossible de faire le canard ! « Sur les spots de gros swell, les vagues sont quand même relativement espacées, ce qui permet de dégonfler son gilet. » 

Comme nous le montre le surfeur de gros Peter Mel, dans cette vidéo de démonstration, le gonflage se fait quasi instantanément, tandis que le dégonflage prend à peine plus de temps : 1 à 2 secondes, tout au plus. Cette veste offre donc quatre cycles de gonflage/dégonflage, tout comme la veste PSI de chez Patagonia.

Le Gilet gonflable Quiksilver en 7 points

1/ Il peut se porter seul ou par-dessus la combi

La veste Quiksilver, par-dessus, voire sans combinaison du tout (la veste Patagonia, par exemple, ne se porte qu’en dessous). « On peut la porter soit avec un simple short de bain, comme une veste normale, soit par-dessus une combinaison, de n’importe quelle épaisseur. » Gros avantage : pour accueillir le système de gonflage, notre combinaison n’a pas besoin d’être « customisée » (autrement dit, trouée pour y faire passer les tirettes).

2/ Il peut être rechargé sans être retiré

Une fois les quatre cartouches de CO2 épuisées, il faut les remplacer. Le gilet étant porté seul ou par-dessus la combi, le rechargement est très facile. « Ici, on a un accès direct au gilet. Sans même le retirer, à l’aide d’un coéquipier, on peut vite remplacer les cartouches sur le bateau, le jet ski ou sur la plage. On peut aussi le recharger soi-même en retirant le gilet et on n’aura pas froid puisqu’on aura toujours sa combi ! C’est un gros avantage quand on surfe dans des spots assez froids, comme Mavericks. »

3/ Il est équipé de poches de rangement

Sous l’eau, on peut vite être désorienté. Quiksilver s’est donc efforcé de simplifier au maximum l’utilisation du gilet. Xavier confirme : « on a voulu éviter du stress dans des moments où il faut aller vite. » Ainsi, chacune des quatre tirettes de gonflage dispose d’une petite poche : une fois utilisée, on la range. Pas de risque, alors, de confondre tirettes encore actives et tirettes désactivées. « Dès que je suis remonté à la surface et que je suis dans un endroit un peu sûr, je la range sa petite poche. Comme ça la prochaine fois, je ne vais pas aller chercher une tirette qui a déjà été déclenchée. C’est un détail qui fait toute la différence : cela évite toute confusion lors d’une prochaine activation du dispositif. »

A l’occasion du lancement du Quiksilver et Roxy Pro France, en octobre 2017, Xavier Faucher et les surfeurs Peter Mel (ci-dessus) et Tom Carroll ont présenté le gilet Highline Airlift Vest de chez Quiksilver, commercialisé depuis lors.

4/ Il peut être gonflé avec la bouche

On peut gonfler le gilet oralement, sans avoir recours aux cartouches de CO2. « C’est comme le gilet de sauvetage qu’on nous montre dans les avions : on peut le gonfler soit en tirant sur une poignée, soit à la bouche avec un petit tube, explique Xavier. Cela permet de gonfler son gilet partiellement. La majorité des riders le gonflent ainsi à titre préventif pour avoir un minimum de flottabilité. » Plusieurs avantages à cela. Déjà, cela permet de conserver des cartouches de CO2, à réserver pour les situations d’urgence. « Si on voit qu’on remonte déjà avec cet air-là, alors pas besoin de déclencher une cartouche. Et si jamais on voit qu’il n’y a pas assez de flottabilité, on tire sur la cartouche pour que la vessie prenne son volume maximal et nous fasse remonter plus rapidement à la surface. Elle se gonflera d’ailleurs d’autant plus vite. » Et si, par malheur, on venait à être inconscient sous l’eau, ce pré gonflage nous permettra de remonter plus vite à la surface.

5/ Des poignées de gonflage et de dégonflage à l’opposé

« On a vraiment dissocié les deux. Les tirettes de gonflage sont situées sur la poitrine, à l’avant, tandis que la poignée de dégonflage est située au niveau de la taille, à l’arrière. Vraiment à l’opposé. On a d’ailleurs un moyen mnémotechnique pour se rappeler laquelle tirer : « up is up » (les poignées en haut servent à remonter) et « down is down » (la poignée située en bas sert à replonger). »

Le gilet propulse le surfeur désorienté à la surface de l’eau.

6/ Une fois gonflé, il permet de mieux respirer, ramer et nager

L’ergonomie et le design de la vessie représentent aussi une innovation importante. Tandis que certaines vestes sont plutôt gonflées en haut des épaules et de la poitrine, dans la veste Quiksilver, le plus gros du volume d’air se situe de part et d’autre de l’abdomen. « La vessie prend tout le dos et la partie des côtes. Quand on va remonter à la surface, la poussée d’Archimède, de l’eau, va donc se situer sur l’abdomen. Cela va permettre de faire ressortir une plus grosse partie du corps au-dessus de l’eau : quasiment toutes les épaules et pas seulement la tête. Cela va optimiser la première respiration, qui est critique ! On aura aussi moins de chances de respirer de l’écume. »

Autre avantage de cette configuration : les deux boudins d’air étant situés sur les côtés, la nage et la rame sur la planche sont facilitées même quand la veste est gonflée,  « Ici, on a un plat sur l’avant – torse et le ventre – et pas une bulle, ce qui amène une stabilité quand on est sur la planche. C’est pour réfléchir à tous ces « détails » qu’on s’est associé à Aqua Lung, qui ont pour cœur de métier le système de gonflage… C’est ce qui fait que le produit est performant. »

7/ Sa vente est ouverte au grand public, dans le monde et en France

Depuis mi-octobre 2017, le gilet Quiksilver est commercialisé dans le monde et notamment en France, dans deux points de vente : les magasins Boardriders de Saint-Jean-de-Luz (Pays Basque) et de Capbreton (Landes). Il coûte 990 €.

Les cartouches, elles, s’achètent dans tous les magasins de plongée. « On envoie les acheteurs sur Procéan, qui est un magasin de plongée qui travaille aussi avec Aqua Lung » précise Xavier.

Les gilets Highline Airlift Vest de Quiksilver se sont déjà bien vendus… et c’est bientôt la rupture de stock. « On a fait une production unique qui a été dispatchées sur les trois continents. Une fois qu’il y en a plus, il faudra attendre l’hiver prochain ! Actuellement, on a vendu quasiment la moitié. Mais en Europe, il n’y a pas encore eu de trop gros swell à part Nazaré… les clients devraient donc venir durant les prochains ! »

Pour info, la veste PSI de chez Patagonia ne se vend qu’à l’étranger seulement (pour pouvoir être vendue en France, il lui faudrait de toutes façons répondre à des normes précises) dans deux points de vente : à Patagonia Hale’iwa à Hawaii et au FCD Surfboards à Ventura. Elle coute$1,250 soit à peu près 1050 €. Les autres dispositifs évoqués plus haut (Billabong, Fox…) ne sont quant à eux pas commercialisés du tout.

Une formation au moment de l’achat

En boutiques, au moment de l’achat, il faut impérativement être majeur et suivre une formation spéciale. « On s’assure que la personne sait bien utiliser et entretenir le produit. On lui conseille aussi de l’utiliser d’abord en piscine, puis dans des conditions pas trop grosses pour apprendre à le faire fonctionner. Il faut y aller crescendo pour que le jour où on doit l’utiliser, on sait quand et comment déclencher. C’est comme ceux qui ont un jet ski : ils s’assurent qu’il démarre, qu’il a bien le plein… bref, qu’il va bien fonctionner lors de la session…»

Des procédures de sécurité que l’on apprend bien sûr pendant la formation en magasin, puis chez soi grâce à la vidéo publiée plus haut, tournée avec le surfeur Peter Mel. Elle est en anglais, mais sera bientôt sous-titrée en français, espagnol et portugais.

La veste s’adresse par ailleurs à tous les surfeurs et pas seulement aux surfeurs de gros. « On peut par exemple l’utiliser si on va surfer Guéthary dans des vagues de 2m-2m50. Une personne qui casse son leash après avoir surfé deux heures n’aura peut-être plus trop de force pour rentrer. Le gilet va alors amener du confort et une sécurité supplémentaire. »

Xavier tient cependant à rappeler que le gilet s’adresse à de très bons nageurs. « Justement, dans la vidéo, Peter Mel recommande de surfer comme si on ne l’avait pas. Ce n’est pas parce qu’on a la veste qu’on peut prendre de plus gros risques ! Le surf, c’est avant tout l’appréhension de la mer, être en bonne condition physique, savoir nager, etc. »

Gilet gonflable Quiksilver : ce qu’en pensent les surfeurs

Peter Mel, Tom Carroll, Jamie Mitchell… ils sont nombreux à l’avoir testé et approuvé. Stéphanie Gilmore, qui l’a également enfilé pour surfer à Hawaii, nous confiait il y a peu ses impressions sur ce nouveau gilet gonflable.

A propos de l'auteur :

Basée à Biarritz, je suis journaliste web & presse magazine dans les domaines du voyage, du sport et de la nutrition.

 

Tags: , , , , ,

 

Pas de commentaire

Soyez le premier à laisser un commentaire

Laisser un commentaire